Lutter contre la mésinformation au moyen de l’éducation aux médias numériques

Justin W. Patchin et Sameer Hinduja, Cyberbullying Research Center

13 juin 2022

Comment évaluer la véracité des renseignements présentés en ligne? Comment apprendre aux jeunes à en faire de même? Les idées présentées ci-dessous s’articulent autour de la notion d’éducation aux médias, qui fait référence à notre capacité d’évaluer l’exactitude et la validité du contenu multimédia que nous consommons. Les compétences liées à l’éducation sont plus importantes que jamais. Sans outils d’évaluation critique, il est facile de se sentir submergé(e), déconcerté(e) ou trompé(e) face à l’abondance de renseignements en ligne. Les gens peuvent publier quasiment n’importe quoi en ligne, quand bon leur semble. Selon l’endroit où votre jeune obtient ses renseignements, très peu de restrictions ou de contrôles qualité peuvent être appliqués au contenu apparaissant dans nos navigateurs Web ou nos fils de médias sociaux. En tant que citoyens responsables, nous devons nous servir de notre esprit critique et de nos compétences d’analyse pour évaluer la validité du contenu que nous consommons, surtout si nous avons l’intention de le partager avec d’autres personnes. Vous trouverez ci-après des stratégies que vous et votre jeune pouvez utiliser pour confirmer la véracité du contenu et des allégations publiés en ligne.

Distinguer le vrai du faux

Si vous tombez sur une histoire qui semble invraisemblable, consultez un site Web de vérification des faits. De nombreux sites se consacrent expressément à la vérification de récits en ligne, à la dénonciation des canulars et à la vérification de l’origine et de l’authenticité des allégations. Bien qu’ils ne soient pas complètement infaillibles, ces sites constituent un bon point de départ, car ce sont souvent les premiers à vérifier les nouveaux faits allégués en ligne. Les meilleurs d’entre eux expliquent leur démarche et sont rarement pris en défaut. En consulter un ou plusieurs peut être un moyen simple et rapide de déterminer si un récit ou un renseignement est véridique ou, à tout le moins, s’il présente des incohérences évidentes.

Il importe également de distinguer les exposés factuels des éditoriaux lors de l’évaluation du contenu en ligne. Les exposés factuels consistent à énoncer les faits tels qu’ils sont connus, sans aucun commentaire. À l’inverse, les éditoriaux accompagnent la présentation des faits d’analyses et d’opinions. Il n’y a rien de mal à cela. Ils peuvent notamment nous aider à mieux comprendre le contexte et l’information complexe. Nous devons seulement être capables de les reconnaître. Vous et votre jeune pouvez vérifier ensemble les renseignements et la crédibilité de la personne qui fait l’analyse. Cette personne a-t-elle fait preuve d’exactitude par le passé? Des preuves ont-elles réfuté ses travaux dans le passé? Dans l’affirmative, comment a-t-elle réagi? Qu’est-ce que la personne ou la source a à perdre ou à gagner en faisant ces déclarations?

Se méfier des ruses

Il convient de considérer que nous sommes tous fortement enclins à croire certaines choses plutôt que d’autres, et ce, souvent sans nous en rendre compte. Il s’agit de biais cognitifs. Des travaux de recherche en psychologie démontrent notamment que les gens sont prédisposés à croire la première information qu’ils voient sur un sujet particulier. Il nous est donc plus difficile de changer d’avis lorsque nous sommes confrontés à de nouveaux renseignements. Nous avons également tendance à accorder plus d’importance aux sources qui rejoignent ou réaffirment nos opinions préconçues. Par conséquent, nous cessons souvent de chercher des preuves une fois que nous avons trouvé ce que nous croyons vrai. Une partie du processus de recherche approfondie consiste à examiner non seulement les preuves qui appuient l’opinion d’une personne, mais aussi les preuves contraires.

Même un(e) utilisateur(-trice) de médias sociaux bien intentionné(e) qui cherche activement à obtenir des renseignements supplémentaires sur un sujet d’intérêt peut finir par être victime d’un autre biais cognitif courant : la surinformation. Nos cerveaux ne peuvent traiter qu’un certain nombre de données, et la surcharge de renseignements risque de produire l’effet contraire à celui souhaité. Autrement dit, nous avons du mal à passer au crible tous ces renseignements pour nous forger une opinion. Par exemple, si vous passez trop de temps à lire les commentaires sur les téléviseurs vendus par Amazon, vous pourriez ne jamais cliquer sur le bouton « Acheter maintenant ». Nous avons vu des gens réfléchis s’en remettre au vieil adage « Je ne sais plus quoi croire ». Dans de tels moments, encouragez votre jeune à prendre une pause et à revenir ensuite sur la question à tête reposée.

Conseils pour l’évaluation du contenu en ligne

  • Consultez des sites Web de vérification des faits.
  • Tenez compte de la fiabilité passée de la source.
  • Comparez ce qui est dit avec vos expériences personnelles.
  • Cernez les biais ou points de vue potentiels du (de la) journaliste.
  • Méfiez-vous des opinions extrêmes et des affirmations farfelues.

La certitude absolue n’est pas l’objectif

Internet nous permet de consommer et d’analyser de nombreux renseignements et d’agir en fonction de ceux-ci. Il peut être problématique et potentiellement dangereux de prendre des renseignements au pied de la lettre. Dans un monde alimenté par Internet, il est nécessaire de prendre le temps d’examiner attentivement toutes les affirmations. Il vient un moment où nous devons choisir qui et quoi croire, en fonction de tous les renseignements mis à notre disposition. Grâce à ces conseils, vous et votre jeune pouvez exercer votre esprit critique et prendre des décisions éclairées.

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